Le 29 juillet 2004, la Cour suprême du Canada donnait raison à Gilles Néron, un professionnel des relations publiques, concluant qu’un reportage de Radio-Canada diffusé en 1995 avait écorché sa réputation sans raison valable. La Cour confirmait ainsi un jugement de la Cour supérieure du Québec rendu en 2000, et un autre de la Cour d’appel qui datait de 2002.
Cette décision de la Cour suprême instituait le concept de « journalisme responsable » en établissant que les journalistes ont des prérogatives et un statut particuliers, que ce sont des professionnels, que donc il y a dans leur domaine des règles de l’art, et lorsque celles-ci sont respectées, il n’y a pas nécessairement faute lorsqu’ils font des erreurs ou que quelqu’un n’est pas d’accord avec eux. Ils sont autorisés à se tromper et à déplaire, et il est dans l’intérêt public qu’ils jouissent d’une marge de manoeuvre raisonnable.
Le raisonnement, cependant, fonctionne dans les deux sens. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Lorsque les règles de l’art ne sont pas respectées, et ce fut la conclusion dans l’affaire Néron, il peut y avoir faute, et le cas échéant les journalistes doivent faire face à la musique. La liberté de la presse ne peut alors leur servir d’abri. Lire la suite