Controverse: Guide d’Assemblage

Le 25 octobre, le National NewsMedia Council (NNC) a rendu une décision au sujet d’un article publié dans le Globe and Mail en juillet dernier. Une décision intéressante, pas totalement satisfaisante, et à bien des égards éclairante. L’article en cause, publié le 31 juillet, intitulé « Russia’s power line: How Bombardier helped build a controversial railroad along Ukraine’s border », n’y allait pas de main morte. Il occupait toute la une et deux pages intérieures. Pas banal. Grosse nouvelle, donc. Mais dans des cas comme celui-là, l’expérience montre qu’il faut faire une lecture attentive du texte, ça sent la nouvelle gonflée à l’hélium.

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Conseil de presse: le parcours du combattant

Il a fallu près de trois ans, et quelques ultimatums bien sentis, pour resserrer les boulons du processus de traitement des plaintes au Conseil de presse du Québec (CPQ). Et c’est réussi, ils semblent nettement plus serrés qu’avant. L’affaire a commencé avec des accusations d’influence indue dans le traitement des plaintes à l’endroit du Secrétaire général du Conseil. Elle se termine avec un processus « renouvelé » complexe, qui risque de rendre la tâche des plaignants plus ardue et d’allonger les délais. Un certain équilibre des forces en présence, déjà matière à débat, a-t-il été rompu ?

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Pile, je gagne. Face, tu perds

Le récent virage à 180 degrés du Conseil de presse du Québec au sujet du reportage de Radio-Canada sur les démarches alléguées de financement politique de Claude Blanchet soulève des questions (D2014-07-008). Alors que la plainte avait été jugée fondée par le Conseil en 2015, voilà que le reportage hier jugé tendancieux est maintenant érigé en modèle à suivre. En effet, la décision révisée ne s’accompagne d’aucune nuance. Pas la moindre réserve. Selon le Conseil, nous sommes devant la perfection même. On envoie ici de drôles de signaux. En applaudissant le déroulement du tapis rouge à des sources anonymes dont les motifs demeurent nébuleux. En mettant insinuation et démonstration sur le même pied. Et au final en abaissant considérablement la barre en matière de journalisme d’enquête.

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Soupir de soulagement: c’est les sources!

Ouf, quel soulagement ! Les reportages erronés de TVA des 12 et 13 décembre, au sujet des mosquées, ne témoignent pas d’un problème interne. Tout était la faute des sources. Le journaliste Félix Séguin, après avoir fait les vérifications qui auraient dû être faites la semaine dernière par sa collègue, l’a confirmé : « La version des faits de l’entrepreneur n’était pas exacte et il a reconnu ne pas avoir fait les vérifications nécessaires… » C’est fou ce que des sources peu rigoureuses et manquant de formation peuvent causer comme problèmes. Lire la suite

La mosquée et la passoire

Le 12 décembre, TVA Nouvelles publiait une nouvelle qui donne peut-être une bonne idée de la largeur des trous dans la passoire qui lui sert de système d’assurance-qualité. « Les dirigeants de deux mosquées ont fait des pressions sur un entrepreneur pour qu’il n’y ait aucune femme sur des chantiers de construction à proximité de ses lieux de culte, le jour de la prière du vendredi » commençait-elle. En manchette : « Des femmes exclues d’un chantier près des mosquées ». Premier problème, dans la catégorie gros : en fin de texte, on signale que les responsables des mosquées en question, qui ne sont pas nommés, nient en bloc. Le lecteur perturbé se dit que « l’entrepreneur concerné » va sûrement trancher la question et résoudre la contradiction. Eh bien non. Deux entreprises sont en cause, G-Tech [sic] et MAP Signalisation, et comme l’article ne se distingue pas par sa clarté, on ne sait pas exactement qui est « l’entrepreneur concerné ». Mais, nous voilà tout à coup rassurés, « il » dit qu’il pourrait faire la preuve de ce qu’il avance. Ce serait surtout à la journaliste, ici, à faire la preuve de ce qu’elle avance. Et pour ce qui est d’une preuve de quelque chose, on attend toujours.[1]

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Racism in Quebec?

 

“Normally I thrive on adrenaline and deadlines and pressures. In my case, clinical depression was triggered by a backlash from the public about a story (in 2006) about racism in Quebec. What I said (in the article) was Quebec has a tradition of racial purity, and they have a term for it called ‘pure laine,’ which means ‘pure wool’ and jargon for ‘pure blood.’”

This is a quote from the intro to an article by journalist and author Jan Wong, recently published in the Columbia Journalism Review.[1]

It contains at least one misleading falsehood, as her 2006 story was not “about racism in Quebec.” Wong had been dispatched to Montreal by her then-employer, the Toronto-based Globe and Mail, to follow up on an attempted mass-shooting at Dawson College.[2] She was on a straight-news assignment, reporting on a specific event that had nothing do with race. She had been asked to “reconstruct the bloody siege.”

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La crise de confiance

Un sondage Gallup mené en 2016 indique une forte baisse de la confiance qu’éprouve le public américain envers les médias. À peine un tiers des répondants estime que l’information est relativement exacte et complète. Par ailleurs, illustration d’un clivage qui est loin d’être rassurant, le public qui s’identifie aux Républicains ne croit pratiquement plus rien de ce qu’on lui raconte, avec un taux de confiance de 14 % (contre 51 % du côté Démocrate, et 30 % chez les indépendants, rien de reluisant).[1]

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Absolution pour une fausse nouvelle

Étrange décision[1] que celle rendue publique par le Conseil de presse du Québec il y a quelques jours, qui a « absous » la publication d’information fausse et me semble ouvrir une brèche dans un standard professionnel universellement accepté, que personne, à ma connaissance, ne conteste. Le principe d’exactitude, mis en avant par tous les codes de déontologie, et qui joue un rôle central dans l’idéal de rigueur, est mis à mal par cette décision malencontreuse. Pourra-t-on désormais tourner les coins ronds et s’en tirer en qualifiant l’information inexacte de « secondaire » ?

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Andrew, Jan et nous autres aussi

Andrew Potter, directeur de l’Institut d’études canadiennes de l’Université McGill et ancien rédacteur en chef du Ottawa Citizen, a publié un billet d’humeur intempestif dont il s’est excusé en partie. Son texte, dont il faut parler au présent puisque le média qui l’a publié, Maclean’s, ne l’a pas retiré,[1] tente sans succès de faire tenir ensemble des informations éparses, dont certaines sont douteuses, pour nous transporter dans un univers parallèle. Une tempête de neige et son cafouillage, des policiers en pantalons de camouflage, des factures de restaurant et de garage, des statistiques sur l’amitié s’y entremêlent pour nous transporter nulle part ailleurs que dans la tête de quelqu’un, où ces affaires mal assorties seraient la démonstration convaincante que le Québec est une société aliénée (« Compared to the rest of the country, Quebec is an almost pathologically alienated and low-trust society, deficient in many of the most basic forms of social capital that other Canadians take for granted ». Rien de moins).[2]

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Toronto Star and Gardasil: An Autopsy

On February 5, 2015, the Toronto Star published an investigative article headlined “A wonder drug’s dark side.”[1] The story was on the front page, above the fold. It was endorsed in an editorial. It emphasized that at least 60 young Canadian women had suffered serious health problems after receiving a shot of the anti-cancer HPV vaccine Gardasil, manufactured by Merck & Co. One had died, another had needed a wheelchair, still another had to use a feeding tube. A basis for the story was that patients and families believed the vaccine had dangerous side effects and presented risks that were downplayed or kept from view by the medical community. The Star was openly supportive. It wrote: “In the U.S., where there is a public database of vaccine-related side-effect reports collected from around the world, the Star found thousands of suspected cases, including more than 100 deaths,” and that in another database, in Canada, it had “found more than 50 ‘serious’ incidents, including at least 15 hospitalizations connected to the vaccine” and two deaths. The Star also said: “The public is getting incomplete information about Gardasil from officials in Canada.” The article came with heartbreaking online video testimonials.

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